Juillet 2025
Ruffus, baptisé ainsi car il a été trouvé , au cours du mois de mai, errant à Ruffec (16).
Son passé, nous le connaissons un peu grâce à sa puce:
– identifié à l’étranger donc probablement acheté en animalerie
– son domicile officiel est dans le Calvados , loin de Ruffec.
– plusieurs passages en fourrière au cours de sa vie, fourrière où sa famille était toujours allée le récupérer.
– Et puis trouvé errant à Ruffec; la fourrière a appelé les propriétaires qui déclarent cette fois s’être séparés de leur chien depuis longtemps. Ils déclarent aussi ne pas connaitre le nom des gens auxquels ils ont donné leur chien, via FB ou LBC. C’est tellement facile! Ils peuvent tout aussi bien l’avoir abandonné sur la route des vacances, pas vu pas pris, et même pris, que risque-t-on? Rien. Même la facture que leur enverra la fourrière pour les 10 jours de garde, ils ne la paieront pas.
Vivement un impôt sur l’ animal de compagnie, au moins lorsqu’ il serait cédé les ex-propriétaires s’empresseraient de déclarer le nouveau, il n’y aurait plus ce flou derrière lequel on peut aisément se cacher.
Vivement aussi l’obligation de déclarer en mairie toute détention d’un animal de compagnie, la démarche responsabiliserait et on assisterait moins au phénomène de l’animal Kleenex.

Donc voici Ruffus, sorti de la fourrière par Sandrine et pour notre association Chow au Coeur car rappelons que les fourrières n’ont que deux possibilités:
– rendre l’animal à son propriétaire
– confier l’animal à une association

Ruffus, qui n’a pas vu une brosse depuis quelques mois, au moins depuis sa dernière mue.
Ruffus qui mange bien ses croquettes ce qui, au vu de sa délicatesse ultérieure pour manger laisse supposer que son errance a duré un certain temps.
Ruffus, clairement un gentil chow chow qui se laisse porter à bras le corps par l’employé de la fourrière pour se faire déposer dans la voiture de Sandrine.
Le soir même, pour détendre Ruffus après ses 10 jours de fourrière, petite balade le long de la Charente; Sandrine nous dit que c’est un chien très agréable, qui profite bien de sa sortie, qui trottine, renifle, ne tire pas en laisse…
Puis prise de contact avec la fratrie poitevine:
Le lendemain voyage tranquille jusqu’au Chowpôle…..
…. où Ruffus a profité de son espace, semblant heureux de cette sérénité.
Sandrine décide de le brosser:
Il a déjà meilleure allure notre Ruffus!
Lors de la castration, l’anesthésie s’est bien passée. Par contre, si Ruffus n’a pas de problème dermatologique à proprement parler, il a la peau particulièrement sensible , (peut être à cause de sa couleur cinnamon ?), et le feu du rasoir lui a occasionné une semaine d ‘ inconfort alors que deux autres chiens, castrés le même jour n’ont absolument rien ressenti.
Aborder ce sujet de la castration (ou de la stérilisation) est l’occasion de vous confier une petite astuce pour éviter le port de la collerette en post op: nous demandons toujours aux vétérinaires de ne pas mettre de pansement car c’est souvent ce corps étranger qui colle à la peau que le chien veut enlever, comme il le ferait de n’importe quoi, épine, épillet …. et qui le fait se lécher; la cicatrice en elle même ne les gêne absolument pas s’il n’y a pas infection. Anti-inflammatoires, antibiotiques, pas de pansement et en 8 jours l’opération n’est plus qu’un souvenir anodin.
En tout, Ruffus restera 6 semaines au Chowpôle.
6 semaines qu’il a passées dans la maison, en liberté, avec des mâles et des femelles.
Notre impression est que Ruffus était assez indifférent à leur présence, pas la moindre agressivité et pas le moindre intérêt. Il vivait sa vie, suivant le mouvement le matin pour la balade commune, siestant l’après-midi (nous étions en pleine canicule), se réveillant pour le repas du soir , pris en commun, auquel il ne prêtait qu’un intérêt minimal.
Le seul point à découvrir chez lui était la compatibilité chat et nous avons une fois encore fait appel à notre gentille voisine , qui vient régulièrement tester nos chows avec un de ses matou, le plus indifférent aux chiens. Le seul fait de venir rendre visite à nos pensionnaires avec un chat peut permettre de leur trouver des adoptants. Merci à elle.
Et Ruffus a passé le test haut la main!
Aussi lorsque Sonia a candidaté pour l’adoption de Ruffus rien ne nous a semblé s’opposer à cette union.
Quelques jours après elle est venue du Gers pour rencontrer Ruffus au Chowpôle, c’était le 14 juillet. Elle est restée jusqu’au lendemain, pour pouvoir faire connaissance avec Ruffus. « Comment!? » s’exclameront certains « tout ce chemin pour adopter un chien?!« .
Drôle de réflexion…. hésite-t-on à faire des heures de route pour partir en vacance? ou pour assister à un évènement familial ou amical? ou à une exposition, un concert….. en quoi est-ce moins important d’adopter un chien , un partenaire de vie qui passera des années avec vous?
Ajoutons que nous, nous faisons bien des centaines de km, des heures de voiture, pour récupérer un chien qui ne sera jamais « notre » chien, un chien qui ne sera pas clé en main, qu’il faudra découvrir, soigner, sociabiliser, qui nous posera parfois des quantités de problèmes, avec sa souffrance et son stress…. Non, ce n’est pas notre métier, nous ne sommes pas « payés pour ça », notre métier est ailleurs, c’est la passion du chow, de sauver un chien.
Nous attendons la même passion de la part des adoptants.

Après ce long voyage, laissons lui la parole. Sonia: « Ruffus…
Fin mai, dès la mise en ligne de sa photo et de sa présentation, j’ai ressenti quelque chose. Certes, Ruffus est beau, c’est indéniable, mais ce qui m’a plu, c’était dans son regard. Tous les jours, je regardais s’il était à l’adoption.
C’est comme ça que le 14 juillet, j’arrivai au Chowpôle.
La rencontre fut un peu timide avec Ruffus mais j’avais un très bon atout avec moi : des blancs de poulet séchés ! Plus tard dans la journée, nous sommes tous allés nous promener dans la forêt et au retour, j’ai demandé à Ruffus si cette promenade était bien… et il a remué la queue. Deux fois ! J’étais tellement heureuse !
Le lendemain, 6h de route attendait Ruffus pour qu’il rencontre Chabada et Paillette, mes deux chats, et qu’il mette les pattes dans sa maison pour toujours. Je lui ai beaucoup parlé pendant son aller simple et mon retour.
La rencontre entre mes chats-chiens et mon chien-chat s’est très bien passée !

Le quatrième jour, ils partageaient un stick-friandise tous les trois à 50 cm les uns des autres. Avec Ruffus, ça va vite !
Ça fait maintenant 15 jours qu‘on apprend à se connaître. Parfois quand je le regarde, couché sur la terrasse, je me dis que c’est une évidence, comme s’il avait toujours été là.
Et parfois, il me surprend, par un regard que je ne lui connaissais pas, par un petit coup de folie qui va durer deux minutes mais qui m’émerveille à chaque fois et me fait tellement rire…
…. par son impressionnante intelligence aussi; Il lui suffit de voir une personne, une seule fois, pour qu’il s’en souvienne. Il comprend tout. Il a un regard très expressif qui jauge, scrute, analyse.

Ce qui me plaît, c’est qu’il fait ce qu’il veut. Il fait la sieste de 13 à 18h tous les jours. Si à 17h, je l’appelle, il reste couché.
Si une amie vient avec son chien, c’est pareil !: 13h, même s’il y a des invités, c’est Sieste !

Quand il est en laisse et qu’on s’arrête, au moment de repartir, par principe et systématiquement c’est non!, en bloquant les pattes, au second essai, il repart tout content.
Depuis quelques jours, il se rapproche de moi, il se laisse caresser un long moment, il commence peu à peu à être lui-même.
Concernant la nourriture, c’est un (trop!) fin gourmet. Monsieur Ruffus mange deux fois de la même chose mais pas trois ! Je frémis quand je lui présente sa gamelle, en lui énumérant presque les différents aliments associés comme dans un restaurant étoilé ! Il ne peut pourtant pas se nourrir uniquement de Vache qui rit, tartines de pâté pour humains, de Saint-Moret ou de beurre…

Les traumas et le conditionnement de Ruffus, (par exemple il n’ose pas franchir une porte sans mon autorisation) je les vois mais je ne retiendrai que ces minutes de joie par jour qu’il a, et qui avec le temps, fusionneront en bonheur constant.«
Et nous, dans le regard de Ruffus, dans sa décontraction, dans ses jeux, nous voyons bien qu’il est déjà heureux: