Sylvie: – Alors, il est comment Joss?
Sophie: – Résigné, je le trouve résigné….
Résigné: « Disposé à accepter, sans se révolter, une chose pénible, jugée inévitable« , « Qui révèle une attitude d’acceptation, de soumission, devant les choses pénibles de la vie. »
Résigné.
Résigné parce que tu avais quitté Jyjy et que tu étais de passage dans une maison inconnue où tu percevais bien que Bailey’s et Darwin manquaient de bienveillance à ton égard?
Résigné à cause de tes multiples souffrances qui affectaient ta vie depuis toujours, dysplasie des hanches, des coudes, respiration rendue difficile par un voile du palais trop long, infection oculaire, otites chroniques?…..
Ou résigné parce que tu avais la prescience de ton destin?….
Nous, nous avons tout de suite voulu ton bonheur, peut être plus encore à cause de ton air résigné.
Et c ‘est avec beaucoup d’ enthousiasme que tu as été accueilli au Pays des Langues Bleues!
- « Tu aimes la Vache qui Rit? et les Dentasticks, tu aimes? »
- « De la pâtée dans tes croquettes? »
- « Va te balader, profite, il y a plein d’odeurs de loulous! »
- « Regarde, Iris aussi est toute déboussolée, elle est là en vacances, vous pourriez vous tenir compagnie. »
Pour chasser ce spleen de ton regard et te permettre de prendre vite tes marques nous avons eu à cœur de te trouver très vite un chouette foyer, celui d’une amoureuse des chows, qui est venue te voir de loin et que tu as charmé au premier regard , qui rêvait déjà de te rééduquer à la marche en te faisant découvrir de jolies balades, qui se voyait déjà te préparer les mêmes petits plats qu’aimait son cher Simba…
Il suffisait juste de de castrer et de te faire opérer du voile du palais pour que s’ouvre à toi, à vous, ce bonheur tout neuf….
Opération déjà reportée pour cause de canicule.
…..Il faisait frais ce matin là, mais quand le destin s’acharne, la météo est secondaire.
Tu étais résigné Joss, quand le véto t’a emmené….
Tu ne découvriras pas les jolies promenades et les bons petits plats, pas non plus les vacances avec ta maîtresse et les douillettes soirées d’hiver au coin du feu, les bouts de gâteaux partagés à l’heure du thé, la complicité d’un regard, les douces caresses…
Tu es mort sans un bruit, résigné, dans la voiture qui te ramenais au Pays des langues Bleues…