Baloo n’est plus…

28 Décembre:  Baloo est décédé le 20 décembre, emporté par une torsion d’estomac.

Le matin Baloo avait été anesthésié afin de pouvoir le raser sur les fesses où les matières s’accumulaient suite à un épisode de diarrhée, il y a quelques semaines. Sa défiance rendait impossible toute possibilité d’assurer une hygiène même basique….

Sylvie: « Comme il ne s’agissait que de soins type toilettage, je suis restée avec lui tout le temps de l’intervention;  j’ai pu constater que nous n’aurions pu couper à cette anesthésie: la peau de l’arrière-train commençait à s’infecter et j’aurais été bien incapable de lui couper les poils ou d’appliquer de la pommade… De plus j’ai profité de cette anesthésie pour faire un bilan des zones que je ne pouvais surveiller, oreilles (nickel), dents (nickel), et ergots, qu’il a fallu tailler, l’un deux commençant à s’incarner. J’ai récupéré Baloo a 15h30, il semblait en forme, à ceci près qu’il a vomi par deux fois de la mousse sur le chemin du retour. Arrivés à la maison,  je l’ai laissé boire, un peu. Il s’est comporté comme à l’ordinaire, il est allé marquer chaque arbre. C’est environ une heure après que je l’ai entendu pleurer. Très visiblement il avait gonflé. Retour veto. Injection d’anti-spasmodique et pose d’un trocard  qui a permis à Baloo de bien dégonfler. Je n’ai pas voulu le laisser à la clinique car je n’y laisse aucun chien depuis un épisode épouvantable survenu il y a quelques années et à la maison j’ai constamment les yeux sur eux. Nous sommes rentrés. Baloo semblait mieux il s’est couché calmement, pas particulièrement oppressé. 

Vers 19h30 il s’est plaint, il m’a semblé gonflé mais ce n’était pas très net. Appel à la clinique. Le vétérinaire m’attendais. Mais Baloo ne voulait plus bouger. Lorsque j’ai tenté de le soulever, il m’a mordu la main et ne lâchait plus. J’ai senti ses dents remonter tout le long de mon pouce et lorsqu’il est arrivé au bout j’ai pu me dégager.  Éloigner les chiens pour éviter un autre réflexe malheureux. Bandages car il y avait du sang partout. Lorsque je suis revenu dans la pièce, Baloo était toujours au même endroit. Mort.

La semaine a passé, pleines de questionnements et de souvenirs…. La vie n’avait pas rendu Baloo facile, mais il avait accepté de me donner sa confiance, la vie n’avait pas été tendre avec Baloo mais il était joyeux de pouvoir courir en toute liberté,  la vie l’avait rendu méfiant mais il venait tous les matins me faire fête et souvent il se couchait contre moi lorsque j’étais sur l’ordinateur et m’arrachait la peau des mollets de sa patte maladroite pour réclamer un câlin. Son regard un peu fou du début était devenu plus serein, il était devenu moins agressif envers les femmes qui passaient à la maison même si la prudence restait de mise, il était enthousiaste pour partir en voiture, et son ardeur à sauter sur les sièges en ce funeste matin me restera pour toujours en mémoire….. et pour toujours, plus encore qu’auparavant, les anesthésies m’effraieront. Car quoiqu’en disent les vetos et malgré leurs recours aux statistiques pour banaliser cet acte, anesthésier, c’est prendre un risque vital.« 

 

11 novembre: Bientôt 3 mois que Baloo vit au Pays des Langues Bleues.

 

Sylvie: « Son attitude envers moi ne cesse d’évoluer positivement. Maintenant il vient gratter ma jambe de la patte pour avoir des câlins, il joue surtout avec moi et comprend la plaisanterie, il ne me pince plus jamais lors du jeu. Il n’est presque plus méfiant et je commence à lui imposer de légères contrariétés comme couper les nœuds, brosser les fesses, les frictions à la serviette de toilette lorsqu’il est mouillé….. Je vis avec lui comme avec tous les autres chiens, je le pousse ou je l’enjambe, de jour comme de nuit, je ne ressens plus aucune tension chez lui.

 

 

Une amie est passée déjeuner, il n’a montré aucune agressivité.

Envers les hommes je n’ai pas l’occasion de le tester faute de volontaires….. Si je suis amenée à faire garder les chow chows, Baloo va en pension. Il y va d’ailleurs sans rechigner et il adore la voiture. Du coup, maintenant qu’il ne fait plus chaud, je le prends assez souvent avec moi.

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Il ne tire pas en laisse. 

Il est toujours très sociable avec les autres chiens et indifférent au chat. »

 

 

27 septembre: Le point sur Baloo:

Sylvie: «  Voilà près de 6 semaines que Baloo est à la maison.  Il est toujours indifférent aux autres chiens, mêmes les nouveaux venus, et le chat.

Avec moi il progresse, même si nous ne sommes pas encore intimes; par exemple, je n’essayerais pas de le laver. Mais il accepte quelques coups de brosse, la laisse posée en lasso  -car il n’apprécie pas qu’on le touche au niveau du cou-, les papouilles et le jeu, même si rapidement il se montre brutal, comme s’il ne maîtrisait pas la force de sa mâchoire. Son regard est le plus souvent intéressé ou joyeux. Il me précède aussi lorsque je dois l’enfermer dans l’enclos, content de me montrer qu’il a compris ce que j’attends de lui.

Vis à vis des autres personnes, -plus particulièrement les hommes mais les femmes sont aussi l’objet de sa méfiance-, Baloo aurait plutôt régressé. Il a chargé plusieurs personnes, leur infligeant des morsures légères alors qu’il acceptait leur présence dans les premiers jours. Raison pour laquelle je l’enferme lorsque quelqu’un me rend visite.

A l’heure actuelle, Baloo est adoptable par une femme, seule, et vivant en maison avec du terrain. Il fait un excellent chien de garde, silencieux et dissuasif. Mais il faut être conscient que Baloo est une arme et qu’il faut l’isoler des tierces personnes, de la famille en visite au facteur en passant par tous les corps de métiers susceptibles d’intervenir dans une maison.

Mais Baloo n’est pas un chien déséquilibré, c’est juste un chien que les mauvais traitements ont rendu méfiant. Avec du temps, du bon sens et des conseils s’ils sont appropriés, Baloo  perdra de sa méfiance et pourra accepter d’autres personnes de la maisonnée. »

 

13 jours.

C’est le temps qu’il aura fallu pour que Baloo,  8 ans et demi, accepte de se laisser papouiller. A l’extérieur.

Raconter l’histoire de Baloo,  c’est dire: « Ayez confiance! Si vous aimez vraiment les chows, ce que nous réussissons, nous, les membres de l’asso, vous pouvez le réussir vous aussi. Aucune de nous n’a de « diplôme » reconnu et nous ne nous ne suivons pas les préceptes d’Untel, gourou de l’éducation canine. Ce à quoi nous parvenons avec un chow, nous n’y parviendrions peut être pas avec un chien d’une autre race, mais notre amour inconditionnel pour ces chiens nous permet une communication intuitive, et ça fonctionne.

Flash back.

Avril 2016:

– Appel du refuge de Colmar: « On vient de rentrer un chow pas facile facile, on ne peut pas l’approcher. Il a été vendu et maltraité par l’acquéreur. Quand la personne qui l’a vendu l’a appris, elle est allée le chercher mais elle ne peut pas le garder et elle nous l’a amené Vous pouvez faire quelque chose? »

Non.

Aucun adoptant très connaisseur de la race  comme ce fut le cas pour Chamalow.

Aucune de nous ne peut le prendre en FA car nous ne savons rien de sa compatibilité chien ou chat.  Nous n’avons pas non plus de structure pour l’isoler s’il se révèle dangereux. Aller le chercher serait irresponsable.

Aucune possibilité de le mettre en pension avec éducateur canin car Hoshi met déjà l’association sur la paille, bien peu de gens contribuant à payer sa pension…..

Nous promettons juste que nous allons tout mettre en œuvre pour aider Baloo, et le refuge de Colmar nous fait confiance. Régulièrement nous prenons des nouvelles; leur équipe, employés, bénévoles font ce qu’ils peuvent mais tous savent (louanges au refuge de Colmar!!!) que le refuge, son bruit, son stress, n’est pas l’endroit idéal pour sociabiliser un chow maltraité par les hommes

Juin: Hoshi est enfin adoptée mais nous sommes à la fin du printemps, les pensions et les refuges peuvent recevoir Baloo en juin mais doivent laisser de la place pour les clients et les chiens abandonnés des départs en vacances, or nous avons bien conscience qu’il faudra plus d’un mois pour que Baloo puisse être adopté. Le mettre en pension en juin, et après? encore une fois le sortir du refuge de Colmar serait irresponsable.

Peu à peu germe l’idée de construire un vrai enclos au Pays des Langues Bleues. Les beaux jours y seront propices.

Juillet: Brigitte et Jacky réalisent les travaux…..

 

…..et le 13 août Brigitte et Sylvie  peuvent enfin aller chercher Baloo à Colmar!

13 août, 8h: Lorsqu’on aime les chows, on ne voit qu’eux.  Tout de suite Brigitte et Sylvie repèrent la silhouette de l’ourson dans un parc de détente. Au milieu des aboiements surexcités, il est très zen.

8h 30: Lorsque Brigitte et Sylvie sont devant l’enclos, Baloo tente de les faire reculer en aboyant. Brigitte ose une caresse et Baloo, étonné par l’audace du geste,  ne lui dévore pas la main. Le soigneur auquel Baloo est habitué lui passe le lasso et Baloo semble joyeux de partir en balade.

– Soigneur: « Ça va pas être facile de le faire rentrer dans la cage de transport. »

-Brigitte: « Il voyagera sur le siège. Il aura une copine avec lui, ça le décontractera. »

Oups….

9h: Arrivée de Chana qui elle est amenée par ses propriétaires et va profiter du transport pour rejoindre son adoptante en Normandie.

9h10: Tout le monde est installé;  nous avons décidé de ne pas faire de halte pour ne pas devoir trop manipuler Baloo et risquer de faire les frais de sa contrariété. C’est parti pour 5h de route.

14h: Baloo ne fait aucune difficulté pour se laisser conduire dans son enclos où l’attendent vivres, coussin moelleux et surtout tranquillité, silence.

Une brève visite en soirée révèle que Baloo s’est bien restauré mais il est sur le qui-vive dès que quelqu’un approche; Sylvie choisit de le laisser tranquille….quant aux autres chows de la maison, ils n’ont même pas remarqué sa présence dans le coin un peu isolé où a été construit l’enclos!

14 août, 9h: Les chow chows, Gaston et le berger allemand sont tour à tour allés voir le nouveau venu lors de la sortie matinale. Pas un aboiement, pas un énervement. Après un moment d’hésitation, Sylvie décide d’ouvrir la porte de l’enclos. « J’ai beaucoup tablé sur le fait que mon groupe n’est absolument pas agressif et que si Baloo attaque, ils ne répondront pas. Mais en fait ce fut assez incroyable! jamais l’arrivée d’un chien a suscité si peu d’intérêt! Libéré,  Baloo a trottiné à sa guise, où il a voulu, presque pas étonné de cette liberté retrouvée, les autres sont remontés vers la maison, indifférents. Ils ne se sont même pas sentis. »

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Les jours qui suivent sont faits d’observations mutuelles:

Baloo a pris ses quartiers à quelques mètres de la maison, siège de l’activité humaine et canine:

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Les portes restant ouvertes, il s’aventure rapidement dedans et le soir même il dort à l’intérieur, occasion de faire la connaissance du chat testeur de chow, Bacchus: aucune réaction.

 

Pour Sylvie, ce qui est primordial et qui facilitera la sociabilisation de Baloo, c’est l’entente avec les autres chiens. L’indifférence au chat facilitera l’adoption par la suite. Vis à vis des humains,  il faudra du temps.

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« Avec Baloo, nous sommes dans l’observation réciproque.  Il est très différent à l’intérieur et à l’extérieur. Dehors, où il peut fuir, il ne me regarde pas. Dedans il cherche mon regard et si je ne détourne pas le mien, il m’aboie dessus en me montrant les dents. Des personnes sont venues nous rendre visite. Pour celles qui ne lui ont prêté aucune attention et ont continué à bavarder, il est passé près d’elles sans problème.  Par contre il a chargé des amies auxquelles je voulais le présenter tout particulièrement. En fait il ne faut pas s’intéresser à lui, pas le regarder, pas le surprendre, et bien sûr, pas de gestes brusques, pas de cris.  Avec les autres chiens, je vis normalement, on parle, on fait des câlins. Il observe. Les croquettes sont en accès libre, il ne les protège pas, de toute façon il n’a manifestement pas manqué de nourriture au refuge, il est rond comme un melon. »

 

8 jours plus tard: « Les progrès sont insensibles mais existants. Je les mesure à la fréquence où il rentre dans la maison, à son enthousiasme pour prendre les Vache-Qui-Rit (qu’il prend très délicatement en s’asseyant au préalable!), au fait que de plus en plus souvent il reste couché à mon approche, à son regard qui a changé lorsque je m’occupe de ses copains: de méfiant il est devenu interrogateur. Un point me questionne: entre lui et le groupe, il n’y a aucun contact, même Gaston ne l’invite pas au jeu, pourquoi? j’ai parfois l’impression que tous les chiens l’effraient, il voudrait venir vers moi, leur jette un regard et se détourne. »

 

10 jours plus tard:« J’essaye de rester seule  dehors avec lui. Je m’accroupis pour donner la friandise. Son regard est calme. Je décide de courir un peu pour l’inviter au jeu. Joie! il esquisse quelques bonds. Nous faisons quelques mètres côte à côte, il cherche mon regard, pas d’agressivité mais je détourne le mien. Je stoppe l’expérience sur cette  petite victoire.

 

13 jours plus tard, 7h: « Au réveil, tout le monde vient dire bonjour, distribution de caresses. Baloo est dans le groupe, son regard est tranquille.  J’ose un petit coup d’index amical sur le museau, il ne le fronce pas et esquisse un pas de danse. J’avais donc bien compris! depuis deux ou trois jours, il est en demande de contact! Je fais rentrer tout le monde et ressors avec une Vache-Qui-Rit.  Sitôt avalée, je hasarde une autre sollicitation sur le museau. Cette fois Baloo a clairement envie de jouer. On court quelques mètres et il me présente son dos pour que je le gratte! Je m’exécute! Bonheur! Désormais la glace est brisée, les progrès seront plus rapides! Je renouvelle l’expérience en soirée »

 

Le lendemain 26 août: « Baloo aime bien partager la chambre du berger allemand, il s’y sent peut être plus tranquille qu’au milieu de tous les chows….. Je vais faire de grosse papouilles à Varoh, sous les yeux de Baloo, espérant qu’il viendra les partager. Je tends la main….. sollicité à l’intérieur, Baloo montre la même agressivité qu’au début. Je retire la main mais je ne détourne pas le regard. J’ignore pourquoi, mais je sais qu’il ne me mordra pas. Je me retire sur cette nouvelle victoire….. sur moi-même« 

 

29 août, 17 jours plus tard: « Désormais, Baloo  rentre et sort sans aucune difficulté même si l’extérieur à nettement sa préférence pour passer la nuit. Peut être une question d’habitude? peut être une question de canicule? A l’intérieur, plus aucune difficulté pour le caresser, il donne même la patte et s’assied sur mes pieds!

 

Et surtout,  vraiment je n’aurais imaginé que cela puisse se produire aussi spontanément, il accepte familièrement les visiteurs qui lui étaient totalement inconnus!

 

Au final, Baloo est un chow très en recherche de contact humain,  qui se couche toujours contre mon fauteuil et qui tend sa croupe pour des grattages, qui a beaucoup de rappel, et qui sera heureux de pouvoir bénéficier d’un humain pour lui tout seul, même s’il est tout à fait capable de vivre dans une famille avec chien et chat.

Un seul petit défaut, alors qu’il est si délicat lorsqu’il prend les friandises, il se contrôle mal dans le jeu et contrôle mal la pression de ses dents. En fait il joue avec moi comme il jouerait avec un chien, parfois ça fait mal. Mais je suis si heureuse de le voir ainsi!

Il est également très bon gardien, aboyant avec parcimonie et à bon escient. »

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Nous avons voulu vous faire partager longuement ces débuts pour vous dire que ce qui est possible aux uns est possible aux autres. Pour amadouer un chow, même difficile, même battu, rendu très méfiant, il faut du temps. Juste du temps. Et 13 jours, ce n’est rien!

Si vous souhaitez adopter Baloo,  appelez Laure au 0666876153